Sonia Moreu

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Juillet 2000
Sonia Moreu, est l’ancienne propriétaire de l’une des libraires de Rennes-Le-Château, L’Atelier Empreinte. Elle vécut de nombreuses années à Rennes-Le-Château. C’est en juillet 2000 qu’elle eut la sympathie d’accepter de répondre à quelques questions alors qu’elle possédait encore ce commerce.

Elle arriva au village de Rennes-Le-Château dans les années 80, une époque où le village n’avait pas encore la renommé internationale qu’il connaît depuis la publication du Da Vinci Code. Qui de mieux placée qu’elle pour nous parler du village et de ses visiteurs ?


Jean-Patrick Pourtal : Pour beaucoup de chercheurs de Rennes-Le-Château, vous êtes la personne incontournable. Votre librairie à Rennes-Le-Château regorge de trésors pour tous les visiteurs du village. Quand on se rend à la Tour Effel on ne manque pas de passer à la boutique de souvenirs du premier étage, quand on est à Rennes-Le-Château on ne manque pas de passer par votre librairie pour faire le point des ouvrages que nous souhaitons ramener dans nos foyers. Mais, depuis combien de temps êtes vous installée comme libraire à Rennes-Le-Château ?

Sonia Moreu : Depuis le mois de mars 1986, soit quatorze ans.

JPP : Votre librairie a-t-elle toujours été implantée dans la grande rue du Village ?

Sonia Moreu : Oui. Bien que L’Atelier Empreinte se soit créé en 1985 à Rennes le Château, où Alain Féral et moi, nous accueillions dans la tour Magdala, ancienne bibliothèque de l’abbé Saunière, en exposant les dessins, gravures et ouvrages de l’Atelier Empreinte ainsi que les cassettes racontant l’histoire de Rennes le Château par Henri Buthion et Gérard de Sède.

JPP : A ce propos, comment était le village lorsque vous vous y êtes installée ?

Sonia Moreu : Quasiment comme aujourd’hui. Hormis le parking souterrain, non je plaisante. Les feux rouges, parkings, et grands ensembles immobiliers ne sont pas de mises pour Rennes. Le site est classé et les architectes des bâtiments de France veillent, ainsi la colline ne pourra pas s’étendre.
Le village, quant à son accueil, était par contre bien différent. Le domaine de l’abbé Saunière transformé en hôtel restaurant par M. Corbu et reprit par Henri Buthion était fermé depuis plus de dix ans. Cependant l ‘ancien jardin potager de l’abbé Saunière près de la maison de Marie Dénarnaud, aujourd’hui démolie, recevait et vivait jusque très tard dans la nuit. L’accès au musée- église- nécropole de l’abbé était barré par trois personnages du cru ayant connu Marie Dénarnaud.

JPP : Je suppose que vous avez du rencontrer des gens du village qui avaient connu Bérenger Saunière, comment se le rappelaient-ils ?

Sonia Moreu : Je n’ai connu que deux personnes, aujourd’hui décédées. L’une, Madame Olive vivait dans une des fermes entre Rennes le Château et Rennes les Bains. Elle se souvenait davantage de l’abbé Boudet, « cela était moins loin à pied » avait-elle précisée. Mais ce qui l’avait impressionnée à Rennes le Château, c’est le singe et ces jardins luxuriants.
L’autre né en 1909, de son vrai nom de baptême Abdon est le personnage dont parle Gérard de Sède sauvé par l’eau miraculeuse d’Arles sur Tech. Fils d’une sœur de lait de Marie Dénarnaud, ses souvenirs de petit garçon m’ont décrit l’abbé Saunière comme un homme très sévère. L’anecdote que j’ai retenue est le fait qu’invité un dimanche midi à déjeuner chez Marie, il avait redemandé la patte du poulet et que l’abbé l’avait sorti de table, privé de repas, en lui précisant qu’on ne réclamait pas.

JPP : Comment pourriez-vous nous décrire Bérenger Saunière ?

Sonia Moreu : Solide, énergique, dur, pas drôle. Bien sûr, ceci est très subjectif. Assez suffisant.

JPP : Au cours de mes différentes visites à Rennes-Le-Château, j’ai remarqué que votre Librairie était le point de rencontre de nombreuses personnes, quel est, pour vous, le profil type du visiteur de Rennes-Le-Château ?

Sonia Moreu : En effet on n’arrive pas par hasard à Rennes le Château. La plupart, simples curieux se posant des questions sur le mystère et le trésor. Très interrogatif et recherchant un ouvrage objectif sur le sujet.

JPP : Je me souviens avoir rencontré un personnage étonnant, il m’avait dit qu’il était la réincarnation d’un grand seigneur de la région au moyen-âge. Son discours était étonnant, avez-vous souvent ce genre de personnage en face de vous ?

Sonia Moreu : OUI, très régulièrement à l’opposé du profil type. Nombreux sont ceux qui savent, qui détiennent la réponse.

JPP : Avez-vous déjà rencontré des « Jésus » ou bien des « Marie-Madeleine » ?

Sonia Moreu : Sans délayage oui.

JPP : Mis à part des personnes comme on le dit maintenant « un peu limite » quelle est pour vous la Quête des visiteurs de Rennes-Le-Château ?

Sonia Moreu : Une remise en question de notre éducation, religieuse, historique, scientifique. Un creuset où les questions, les doutes de l’acquis permettent de rêver à une autre réalité.

JPP : L’histoire de Rennes-Le-Château est sans frontière et je dirais, comme on le dirait en Mathématique, « la renommée de Rennes-Le-Château dans le monde est inversement proportionnelle à sa taille », comment peut-on expliquer cela à votre avis ?

Sonia Moreu  : Mondialement, mais principalement dans le monde occidental. Je pense que le livre des trois auteurs anglais « l’Enigme sacrée » en est à l’origine, cela parce qu’il remet en question l’église catholique apostolique et romaine. Du concile de Nicée ou des évangiles choisis où on néglige Thomas, Philippe, Marie Madeleine….  La lignée de Jésus…   La quête du Graal.

JPP : Depuis quelques années il semble que la tranquillité du village soit perturbée par les différents mouvements internes au village. J’entends par mouvements, les changements de propriétaire du domaine de Bérenger Saunière, les ouvertures et fermetures de différents points économiques (le restaurant du domaine), les grands travaux qui ont été réalisés dans le village, ne pensez-vous pas que cette effervescence soit semblable à celle qu’il y eut à l’époque de Bérenger Saunière ?

Sonia Moreu  : En effet peut-être. Un siècle après exactement, cela était nécessaire à mon avis, le site avait besoin d’être restauré. On ne peut pas laisser un village s’endormir et s’éteindre.  Dans cette période économiquement difficile et particulièrement dans cette région, l’achat du domaine de Bérenger Saunière et la promotion du patrimoine par la Mairie de Rennes le Château me paraît une excellente initiative. Vivre avec son temps, accueillir les passionnés de cette histoire, de grands projets comme l’abbé, tel est peut-être le destin de ce petit village juché entre ciel et terre.

JPP : En tant que libraire vous êtes entouré d’ouvrages dont beaucoup traitent de Rennes-Le-Château. Depuis quelques années l’Internet est de plus en plus présent dans les foyers Français, que pensez-vous de l’arrivée de ce média dans l’affaire de Rennes-Le-Château ?

Sonia Moreu  :  Vous êtes mieux placé que moi pour répondre à cette question. Les passionnés de l’affaire étant répartis dans le monde, Internet leur permet d’échanger leurs idées en permanence.  Je pense que ce nouveau média peut instaurer un certain dialogue entre chercheurs.

JPP : Toujours dans le domaine des nouvelles technologies, avez-vous été surprise de la sortie du jeu informatique, « Gabriel Knight III » qui se déroule entièrement à Rennes-Le-Château ?

Sonia Moreu : Non absolument pas.  L’HISTOIRE de Rennes le Château se prête particulièrement à ce support. N’est ce pas un grand jeu vivant ?

 JPP : Ma chère Sonia, je vous remercie d’avoir répondu à ces questions.

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