Antique Rhédae Historique

Nous ne pouvons entrer dans l’histoire de Rennes-Le-Château sans mener une étude historique. Nous allons nous plonger dans ce qu’était Rennes-Le-Château au VIIIème siècle et suivre le déroulement de son histoire. Nous n’avons pu réaliser ce chapitre qu’en nous appuyant sur les études d’un historien local, Louis Fédié qui publia dès 1880 son ouvrage intitulé « Rhédae, La Cité Des Chariots » et sur les travaux de Jean-Alain Sipra, célèbre chercheur et historien de l’affaire de Rennes-Le-Château.

C’est ainsi que vous pourrez suivre l’histoire de Rhédae, cité qui devint par la suite Rennes-Le-Château, de sa fondation par les Wisigoths jusqu’au moment où elle donna son nom au comté qu’elle englobait.

De nos jours, il ne reste que très peu de trace des anciens vestiges de la cité, mais ils restent visible à ceux qui se donnent la volonté de les chercher.

A la fin du VIIIème siècle, un diocèse du Rhédésium ou Pagus Rhedensis est cité dans le cartulaire du Capcir. C’est la première fois qu’apparaît écrit le nom de ce qui sera bien plus tard la région de Rennes-Le-Château.

En 798, Charlemagne mandate en Septimanie, deux juges prélats, les Missi Dominicis, dont l’un se nomme Théodulphe, qui dans leur rapport, sous forme de poème, citent une cité nommée Rhédae au même titre que Carcassonne et Narbonne. Cette citation, liée aux deux autres villes, nous permet de supposer que cette cité de Rhédae devait avoir probablement la même importance que Carcassonne et Narbonne, soit en tant que pôle religieux ou de regroupement de population.

Le Royaume Franc et le Royaume Wisigoths après la bataille de Vouillé
Le Royaume Franc et le Royaume Wisigoths après la bataille de Vouillé

Les fondateurs de Rhédae semblent être les Wisigoths, tout comme pour Carcassonne. A plus d’un titre, les deux villes se ressemblent dans leur “encombrement” géographique. En 507, après la bataille de Vouillé, les Wisigoths furent écrasés par Clovis, nouveau roi du peuple Franc. Un des derniers bastions Wisigoth est d’ailleurs encore visible de nos jours, à quelques kilomètres de Carcassonne, à la Montagne d’Alaric. Alaric ayant été le dernier Roi Wisigoth s’opposant aux Francs dans cette région. C’est après ces funestes événements que Rhédae prit l’importance que l’on suppose. Son emplacement fait qu’elle devint une ville stratégique commandant la rive droite et la haute vallée de l’Aude et la vallée de la Salz donnant accès aux Corbières.

Les Wisigoths font de Rhédae une place forte militaire. En 563, à la suite de guerres politiques et stratégiques, le Roi Franc Hilperic étendit son royaume jusqu’à la rive gauche de l’Aude appelée en ces temps Atax. De fait, les Wisigoths sont obligés de renforcer leurs lignes de défenses sur toute la rive droite de l’Aude, Rhédae prend alors une importance encore plus grande.

Implantation de Rhédae avec la citadelle et la ville basse
Implantation de Rhédae avec la citadelle et la ville basse

Un peu à l’image de Carcassonne, la cité de Rhédae se constitue de deux parties bien distinctes. Une ville installée sur le plateau au pied du village de Rennes-Le-Château actuel, et une citadelle qui semble avoir été reliée à la ville par une forte rampe. Cette citadelle baptisée Castrum Rhédarium était à l’emplacement du village actuel.

D’après l’historien Louis Fédié, il semble qu’une seconde citadelle était implantée sur le mamelon en face de Rennes-Le-Château que l’on nomme de nos jours “le Casteillas” ; Casteillas voulant dire en patois : “Grand Château”.

La cité de Rhédae possédait deux églises, l’une dédiée à la sainte vierge, l’autre à Saint-Jean-Baptiste.

Le Castrum de Rhédae occupait tout le plateau sur lequel est bâti le village actuel.

La citadelle avait deux entrées, l’une à l’Est qui s’ouvrait sur la campagne, l’autre au sud qui la mettait en communication immédiate avec la ville qui s’étendait à ses pieds. Pour ce qui est de la porte de l’Est, il était encore possible, au siècle dernier, de voir un portique Wisigothique servant encore d’entrée au village. Il fut détruit depuis.

La citadelle de Rhédae est divisée en trois parties dont les noms latins furent traduits en patois et semble avoir perduré. Il y avait le “Castrum Valens” qui est devenu le “Castel Balent“. Au Sud il y avait le “Castrum Salassum” qui est devenu le “La Salasso” et la dernière partie s’appelait “Capella” qui ensuite s’est appelée “La Capello“.

Le Castrum Vallens est placé à l’Est et garni de fortifications afin de faire face à l’ennemi éventuel ; La Salasso, était une zone où l’on pouvait battre le grain et communiquer directement avec la ville en contrebas par la rampe d’accès. La Cappelo, comme son nom le fait penser, était un des lieux où s’élevait une des deux églises, d’ailleurs des vestiges d’une ancienne église furent découverts dans ce lieu.

Comme toute cité importante et maîtresse, Rhédae était défendue par différents avant-postes alentours. Nous pouvons citer : Cornanel, Roquetaillade, Antugnac et Brenac. Elles-mêmes construites par les Wisigoths.

Schéma de l'invasion du Royaume des Wisigoths par les Sarrasins
Schéma de l’invasion du Royaume des Wisigoths par les Sarrasins

L’invasion des Sarrasins vient mettre fin au règne des rois Wisigoths en Septimanie. Cette invasion changea complètement la destinée de Rhédae. L’historien Marca affirme que pendant l’occupation des Sarrasins, les Archevêques de Narbonne, chassés de leur Siège, se réfugièrent dans la cité de Rhédae. Peu de temps après le passage des Missi Dominicis de Charlemagne, le diocèse de Rhédae devint un comté sous la dépendance des Comtes de Carcassonne. En 957, le Rhédésium forme un apanage distinct en faveur d’Odon, fils de la princesse Ermessinde. Leurs successeurs furent pendant un siècle comtes particuliers du pays de Rhédae. Cette période marque la phase la plus éclatante de cette ville qui était la résidence permanente d’un Seigneur souverain.

A cette époque, Rhédae joue un rôle presque aussi important que Carcassonne. Limoux, n’était qu’une modeste bourgade que Pierre des Vaux de Cernay qualifie de “Castrum Limosun in terrtorie Redensi“. Quant à Alet, elle était le siège d’une abbaye importante entourée d’une Villaria ou village. Rhédae rayonnait au milieu de ces différentes agglomérations.

Localisation du Razes
Localisation du Razes

En 1062, après la mort de Raymond II de Rhédae, le comté fut de nouveau réuni à celui de Carcassonne. Après 1067, la vente du Rhédésium n’en fit plus qu’un comté de Barcelone. Le pouvoir des Comtes de Barcelone sur le Rhédésium fut de courte durée et la comtesse Ermengarde rentre bientôt en possession du grand fief qu’elle avait aliéné.

En 1080, Bertrand, fils de Pons, qui commandait pour elle la cité de Rhédae, jura d’imiter la conduite du gouverneur de Carcassonne et de défendre fidèlement la cité de Rhédae. Quatre ans après, Bertrand Aton, fils d’Ermengarde prêtait serment de fidélité à sa mère pour les deux forteresses de Rhédae, “Pro ambis castris“. C’est à cette époque que le nom de “Razes” fut donné au Comté.

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9 réponses sur “Antique Rhédae Historique”

  1. Dans le livre la Cité des chariots apparait une photo (une vue prise d’avion) où l’on peut apprécier un “profile” souterrain qui a la forme d’un temple( qui pourrait selon l’auteur être wisigoths ou encore, d’une église.

    Est-ce l’endroit où, plus tard, le terrain s’est affaissé? Ce lieu n’a jamais été fouillé n’est-ce-pas?
    Malraux s’est intéressé pour cette histoire de Rhedae, je crois., discrètement sans doute.

    1. Le livre “La Cité des Chariots” de Louis Fédié est paru en en 1880 et a eu plusieurs autres parutions au fil des années.
      Je connais le fac-similé de l’original mais pas les rééditions.
      La photo représenté est probablement celle publiée par l’IGN dans les années 1970 qui semble en effet représenter un Temple ou une église. Cette trace archéologique se trouve sur le plateau au pied et au sud du village alors que la zone d’effondrement que j’évoque dans la vidéo de la fresque de l’église de Rennes-Le-Château se trouve à son pied et au nord.
      Quant à André Malraux, il s’est intéressé à l’affaire de Gisors mais je ne suis pas certain qu’il se soit intéressé à celle de Rennes-Le-Château.
      Vous pouvez en savoir plus sur Gisors en visionnant la première vidéo que j’ai fait sur cette affaire su ma chaîne YouTube

  2. Radiesthésiste amateur, Président d’une association d’archéologie, j’ai réalisé quelques recherches ce jour 27/01/2022.
    Localisés:
    – dans l’église: une crypte connue évidemment, un puits et sa veine d’eau,
    – un cimetière médiéval (tombes arrondies “au cap” ) attenant au cimetière actuel,
    – près de la villa, un oratoire, un temple et des thermes.
    Sur le plateau, une dizaine de maisons antiques bien ordonnées de 5X5 m de part et d’autre d’une voie de 3.00 m.
    A l’Ouest: un souterrain
    Dans le village: 2 souterrains issus du château.
    Et quelques voies antiques ou, médiévales dont l’organisation au droit de l’entrée Sud..
    Et, sous le village, une grotte de grandes dimensions accessible par un escalier dont je ne donnerai la position qu’à la DRAC.
    Mais si les autres éléments peuvent participer à la connaissance du site, me contacter.
    (Je ne pratique que le bénévolat)

    1. Bonjour Monsieur,
      J’ai découvert Rennes le château dans les années 1993 avec comme guide M. Henri Buthion. Je reviens sur ce lieu régulièrement mais malgré les nombreux ouvrages que j’ai pu lire, je constate que vous mentionnez ci-dessus des lieux que je ne connais pas. J’ignore quand je retournerai à Rennes le château mais serait-il possible d’avoir plus d’informations concernant les lieux dont vous parlez. J’en serais tellement heureuse…..Merci d’avance. Très cordialement.

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