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Août 2001
L’interview de M. Jean-Luc Chaumeil fut réalisée au cours de l’été 2001 dans son atelier de Carenac dans le Lot. C’est durant ce même été que nous apprenions que des éléments semblaient avoir été découverts dans le sous-sol de l’église ainsi que sous la tour Magdala. La suite des événements nous apportera des réponses qui semblaient évidentes …
Jean-Luc Chaumeil est née le 20 octobre 1944 à Lille. Écrivain Journaliste il se passionne pour tout ce qui touche au mystère et au paranormal. Il fut longtemps proche de Pierre Plantard et permit à Henry Lincoln et à ses coauteurs de le rencontrer. Jean-Luc Chaumeil se passionna tout autant pour l’Ordre du Temple que pour l’affaire de Rennes-Le-Château…
Jean-Patrick Pourtal : Nous sommes le 24 août 2001 et je suis avec Jean-Luc Chaumeil auteur de différents ouvrages dont plusieurs sur Rennes-Le-Château. Monsieur Chaumeil, merci de me recevoir. Pouvez-vous nous relater rapidement comment vous en êtes venu à vous intéresser à l’affaire de Rennes-Le-Château sachant que vous êtes un journaliste écrivain ?
Jean-Luc Chaumeil : Je me suis intéressé comme tout le monde à l’époque à Rennes-Le-Château quand j’ai lu l’ouvrage de Gérard de Sède : ” l’or de rennes “. Si tout d’abord j’avais un à priori, je sentais que cette histoire n’était pas innocente. Par la suite en fondant un journal, Europe, on me reparla à nouveau de cette histoire. Je me suis toujours méfié un peu de cette histoire et cette méfiance m’a toujours suivi. On m’avait donné un certain nombre d’indices comme quoi le trésor de Rennes-Le-Château avait été découvert et que des pièces essentielles étaient à Genève ; évidemment avec tous les éléments que j’avais, les documents apocryphes qui existaient, les personnages qui entouraient l’histoire, je suis allé voir Gérard de Sède. Ce n’était pas le personnage que l’on m’avait décrit, mais en revanche c’était un excellent écrivain. Lors de notre rencontre je lui dis : ” il faut aller voir l’intéressé numéro un “.Je fus le premier à interviewer Pierre Plantard. Je l’appelle Pierre Plantard, parce qu’il s’est toujours fait appeler Pierre Plantard, né le 18 mars 1920 fils d’un valet de chambre. Fut un temps j’envisageais d’écrire ” le messie et le fils du valet de chambre “.
JPP : Étonnante ascendance pour le dernier Mérovingiens !
Jean-Luc Chaumeil : Plantard m’avait indiqué un certain nombre de choses. J’ai remarqué une de ses spécialités : à chaque fois qu’il énonçait un point essentiel, en tant qu’information, il n’y avait aucun événement pour pouvoir le confirmer. Plantard a émergé dans cette histoire, d’une part, parce que Gérard de Sède l’avait présenté comme un documentaliste, donc comme quelqu’un qui avait des archives, et aussi comme un Hermite (qui avait une chambre au 35 avenue Victor Hugo, alors qu’il disait qu’il avait un appartement de 600 mètres carrés).
JPP : On note que, non seulement il était documentaliste dans ” l’or de rennes “, mais également dans ” les templiers sont parmi nous “, un autre livre de De Sède. Il y apparaît également comme étant le fameux hermétiste !
Jean-Luc Chaumeil : Ca, c’est la façon dont de Sède présente les gens ! C’est son aspect conteur. Il est forcément obligé d’y apporter tout ce qui va étayer sa théorie donc forcément il va amplifier. Lorsqu’on lit ” l’or de Rennes “, on se demande pourquoi de Sède n’a pas parlé du Prieuré de Sion. A l’époque, il n’y croyait pas du tout ; seulement, il trouvait que cela faisait bien pour le récit ; c’est ainsi qu’il a mis des documents apocryphes en annexes. J’ai donc fait immédiatement un numéro spécial du Charivari. J’ai fait la première interview de Plantard ” entretien avec le roi perdu “. Mon métier de journaliste consistait à lui faire dire le plus de choses en la matière. A la suite de cette rencontre, nous émettions, Claude Jaquemart et moi-même, un certain nombre de réserves quant aux prétentions du personnage. On trouvait l’histoire jolie, sans plus. Quant au Prieuré de Sion, il est bien évident que, là aussi, il fallait un long travail d’enquête, c’est à dire aller à Annemasse, avoir ses statuts, s’apercevoir tout de suite, pour être court, que Plantard n’en n’était pas le Président et que ce dernier s’appelait Bonhomme. J’ai cru que ” Bonhomme ” était un pseudo, j’ai cru que ça voulait dire ” cathare “. Plantard était le trésorier du Prieuré de Sion. Il m’a fallut du temps pour retrouver ce Pierre Bonhomme qui, lui, m’a expliqué ce qu’avait été en 1956 l’association du Prieuré de Sion régie selon la loi de 1901 ; C’était donc une association !
JPP : Ce qui n’avait rien à voir, dans l’esprit, avec ce qu’est devenu le prieuré de Sion.
Jean-Luc Chaumeil : L’association du Prieuré de Sion, par rapport aux statuts que j’ai publiés dans le Charivari, était une association chargée de la protection des HLM à côté de Sion. C’est tout ! C’était une association de boys scouts, d’ailleurs Plantard avait été chef boys scouts notamment en Bretagne. L’association du Prieuré de Sion, décrite par son président, Pierre Bonhomme, par son vice-président De Fagot – Pour ” De Fagot ” j’ai cru aussi que c’était un pseudo – a toujours eu l’image d’une association de boys scouts. Outre la protection des HLM, leur but était de faire des écologistes. Par la suite, je suis allé au bureau des associations de la préfecture de police. Et là ! Surprise ! Je me suis aperçu que l’association de 1956 n’était qu’un troisième essai, une troisième tentative de création d’une association. Auparavant il y avait eu une association de culture qui s’appelait, si j’ai bonne mémoire ” Rénovation française ” dont la présidente était la mère de Plantard. Il y avait eu, aussi, une association qui s’appelait ” Alpha Galate ” dont les statuts étaient rédigés en Allemands entre 1942 et 1943.
JPP : Vous l’expliquez aussi dans votre livre ” la table d’Isis ”
Jean-Luc Chaumeil : Dans ce dossier il y avait un rapport des renseignements généraux extrêmement clair qui disait que Plantard était quelqu’un d’illuminé, qu’il voulait sauver la France… Qu’il annonçait près de 6000 adhérents mais qu’en fait il n’y avait qu’une dizaine de personnes, à savoir les membres du bureau ! Les gens qui fréquentaient Plantard le quittaient les uns après les autres. Par conséquent, que ce soit de 1940 à 1953 pour ” Rénovation française ” et après 1956 on a eu à faire qu’à des petits organismes très localisés sans grande prétention. La seule prétention était dans la tête de Plantard.
J’ai rencontré le troisième personnage : Le marquis Philippe de Cherisey que j’ai interviewé pour le Charivari. A partir de choses vraies, il avait retrouvé, comme Gérard de Sède d’ailleurs, à Orléans à Saint-Jean, une abbaye où il y avait eu des moines qui, revenus de Jérusalem, avaient fondé tout un chapitre dédié à notre dame de Sion. S’il est vrai que dans l’histoire il y a eu une organisation ayant à peu près le même libelle elle n’a jamais eu l’importance d’une société occulte comme celle du ” Vallon du Val d’Or “. On a essayé de coller des morceaux parce qu’on voulait créer un mythe moderne par rapport à un ouvrage. Les livres de Gérard de Sède, d’une manière générale, ne sont que le texte, l’outil de base de Pierre Plantard. Si on reprend les contrats chez Juliard, à l’époque Gérard de Sède, que ce soit pour ” Les templiers sont parmi nous ” ou que ce soit pour ” l’or de Rennes “, on voit qu’il n’a que des droits d’auteurs limités en tant qu’écrivain, tandis que Cherisey est plutôt le concepteur du document, comme les fameux parchemins de l’abbé Saunière, et que Pierre Plantard aurait été le ” Merlin ” de l’histoire qui a donné des idées. Il faut que ces idées soient crédibles donc il faut un spécialiste et en l’occurrence se fut Gérard de Sède.
JPP : Vous venez de dire très rapidement que Philippe de Cherisey était le créateur, le rédacteur, des documents et des parchemins de l’affaire qui ont fait tant couler d’encre et sur lesquels de nombreux auteurs modernes se sont appuyés pour éditer des livres
Jean-Luc Chaumeil : Je l’ai déjà écrit, à la fois dans des revues et dans un film à la BBC en 1997 pour régler cette histoire. Ca n’a rien réglé du tout !
JPP : Et d’ailleurs je pense que peu de gens connaissent ce film.
Jean-Luc Chaumeil : Peu de gens le connaissent ! Il y’a eu des protestations mais aussi des félicitations ! Au cours de ce film j’y montre les parchemins .
JPP : Donc vous, vous avez les parchemins ?
Jean-Luc Chaumeil : J’ai les parchemins et je les ai montrés ainsi que les 7 ou 8 points fondamentaux et essentiels qui montrent que les données de l’histoire du trésor de l’abbé Bérenger Saunière du ” curé aux milliards ” sont fausses. Les parchemins sont faux et je les ai montrés à la BBC. La façon dont ils ont été interprétés, leur codification a été faite dans un manuscrit qui s’appelle ” pierre et papier “, J’ai montré comment De Cherisey codifie ce qu’il a déjà copié à la bibliothèque nationale dans le rayon religieux. J’ai montré une page du manuscrit de Philippe de Cherisey ” pierre et papier “.
JPP : Philippe de Cherisey était vraiment un adepte de la cryptographie ?
Jean-Luc Chaumeil : Philippe de Cherisey est pour moi le cerveau de l’histoire, mais c’est un cerveau qui ne sait pas se servir de l’histoire. C’est donc un documentaliste, c’est donc un érudit, c’est un personnage hors pair. Je suis allé le voir à Liège. Avec beaucoup de précautions, il faisait parti de la combine mais de la combine littéraire. Je l’ai vu faire une crise de jalousie à Plantard quand ce dernier avait annoncé bruyamment qu’il y avait une cession du Prieuré de Sion à Blois, Philippe de Cherisey lui reprochait de ne pas y avoir été invité !
JPP : On s’aperçoit que tout ce montage, dans les années 60, est quand même extrêmement bien pensé, bien monté.
Jean-Luc Chaumeil : Il y a quelque chose qui m’intéressait qui me fascinait, c’est comment un cerveau érudit, hors pair, avec une culture phénoménale, peut faire des généalogies des rois mérovingiens ? Déjà pour les templiers on rencontre des problèmes pour avoir des textes ! Alors pour les mérovingiens… On sait que 80% des chartes sont fausses ! Les chartes officielles sont fausses parce que c’était une maladie à l’époque. Comment faire un travail aussi colossal que celui qui est sous le libellé des jeunes rois mérovingiens ? Là encore il a fallu énormément de temps ! Il a fallu aussi beaucoup de temps ; beaucoup de temps pour comprendre une chose simple : Cette histoire est celle de deux copains. Il y’a une photo que j’ai publiée dans ” le trésor des templiers “, dans la première édition qui s’appelait ” le trésor du triangle d’or “, on voit Philippe de Cherisey âgé d’une trentaine d’années et Plantard un peu plus vieux. On les voit à l’entrée d’une grotte, et dieu sait s’il y en a dans la région ! C’est l’histoire de deux amis, seulement le problème c’est qu’il y en a un qui est marquis, le marquis Philippe de Cherisey, avec un tas de quartiers de noblesse qui sont incontestables et l’autre s’appelle Plantard, tout court, et qu’il est fils d’un valet de chambre et c’est peut-être de la jalousie de l’un contre la déchéance de l’autre qui a entraîné la suite. Un seul en a profité, c’est le conteur Gérard de Sède
JPP : On se rend compte, que l’histoire de Rennes-Le-Château subit “un creux ” et que dans les années 75-80 un nouvelle vague arrive et l’on découvre 3 nouveaux auteurs sur ce dossier qui sont les auteurs Anglais de ” L’Enigme sacrée ” Ils relancent complètement l’affaire et je crois qu’actuellement tout le monde travaille sur les bases de leurs trvaux, qui ne sont peut être pas du tout les bonnes qu’en pensez-vous ?
Jean-Luc Chaumeil : Je n’en pense que du mal et là je ne suis peut être pas objectif. Il est bien certain que pour les français, à la fin des années 80, l’essentiel avait été dit sur l’histoire de Rennes, comme d’ailleurs sur l’histoire de Gisors et sur celle de Stenay. Un beau jour je reçois la visite de trois anglais : Henry Lincoln, Michel Baigent et Richard Leigh. Nous avions été mis en relation par l’intermédiaire d’une anglaise qui s’appelle Jania Mc Gallivrey qui m’a fait un papier de dix pages qui a été publié dans le monde entier et qui traduit tout ce que j’avais fait. En fait, ce qu’ils recherchaient c’était à contacter Plantard. Ils cherchaient à préparer une nouvelle manipulation dans le cadre du public anglo-saxon et américain.
Ils savaient que j’avais déjà écrit pas mal de choses sur le sujet ainsi que De Sède . On a été contacté les uns et les autres. Ces gens là s’étaient groupés pour préparer deux documentaires de faibles contenus, il faut bien le dire. Leur fil conducteur était le pentagramme dans le tableau de Poussin. On savait parfaitement que ” les bergers d’Arcadie ” n’étaient pas à côté d’Arques, ce fut encore un des points qu’il a fallu vérifier. On savait qu’il y avait eu un enfant de 3 ou 4 ans qui avait été enterré sous le tombeau d’Arques, on savait que c’était une famille canadienne et on savait qu’il y avait eu des chercheurs de trésors qui avaient eu le bon goût d’ouvrir la tombe ce qui avait profondément déplut à la famille qui d’ailleurs par la suite a fait raser le tombeau. Donc, si le tombeau était si important que ça, je suppose que les monuments historiques auraient, durant le ministère de Jack Lang, opposé un veto formel. On se rencontra donc, d’une façon tout à fait épique. Nous étions plusieurs, citons les français : Il y’avait Pierre Plantard, il y’avait alors à l’époque un de mes lecteurs qui s’appelait Gino Sandri, il y avait les deux rédacteurs de chez Belfond, Jean-Pierre Delo et Jean-Domique Devaux. Du coté Anglais : La documentaliste Jania Mc Gallivrey, Henri Lincoln qui à l’époque travaillait à la BBC, Richard Lee l’américain qui était romancier et l’australien Michael Baigent qui était lui aussi un documentaliste. Il y’avait aussi Roys Davis, producteur de films et il y avait le PDG des encres européennes. On s’est retrouvé dans une salle de projection. Plantard estimait qu’il fallait une approche extrêmement lente et progressive pour savoir exactement ce qu’ils voulaient. Nous nous sommes retrouvés dans cette salle de projection privée aux champs Elysées. C’était quelque chose de fabuleux, je n’avais jamais vu ça personnellement. ! Quand le groupe français est arrivé, dont je faisais parti, on sentait que c’était comme dans la mafia, tout le monde se méfiait, tout le monde vérifiait sous les fauteuils, tout le monde touchait le veston au même endroit…
JPP : c’est vraiment un film d’Hitchcock !
Jean-Luc Chaumeil : Il y a eu un incident mémorable, Richard Leigh qui avait un blason, avec le médaillon des Hasbourgs, est arrivé vers Plantard, et lui a dit ” bonjour Majesté “, a glissé sur une marche et il est tombé. L’atmosphère c’est un peu détendue, quoi que certains ont regardé un petit peu partout pour savoir si une bombe n’était pas en train d’éclater (Rire) J’ai lu leur livre puisque je suis cité 153 fois. Dans le premier livre, je suis quelqu’un de bien gentil, dans le second, les ayant critiqués sur plusieurs radios et dans mes articles, je suis devenu quelqu’un de méchant. Et dans le dernier livre d’Henri Lincoln, le dernier qu’il a fait, là je suis encore plus vilain ! On m’accuse d’être jaloux de ne pas avoir participé à l’émission ou Plantard était interviewé ! Et pourtant, j’ai prêté la galerie de ma mère pour le plan d’un tournage avec Plantard
JPP : Ce fameux plan que l’on voit dans la cassette ” le secret des Templiers ” où l’on voit Plantard qui répond à quelques questions d’Henri Lincoln ?
Jean-Luc Chaumeil : Oui ! C’était digne d’un roman de Tartuffe parce que Henri Lincoln à un moment s’énerve et on sent qu’il lui faut un élément essentiel pour pouvoir dire : ” mais enfin les rois mérovingiens au XX siècle, qu’elle en est l’importance ? ” il va essayer de piéger Plantard. Plantard à l’époque était habillé avec un petit costume gris des années 1930 ; il parlait très lentement car il avait une très mauvaise diction, une diction presque avec un accent paysan. Il réfléchit… il y a un temps mort et puis il fait : ” Mais vous ne savez pas que les mérovingiens ont créé la France “. Tout était dit ! Evidement Lincoln, qui depuis une demi-heure s’escrimait à lui faire dire autre chose, a été abasourdi et n’a plus osé poser d’autres questions. Sur le film on voit peu de chose de l’interview de Plantard, mais chaque prise a été refaite au moins 30 fois. Ca a duré presque 18 heures.
La galerie de ma mère est une galerie surréaliste et le débat qu’on a vu l’est encore plus, la gare de Perpignan a été transformée en gare de Rennes-Le-Château par Plantard ça c’est une évidence !
JPP : On s’aperçoit que Pierre Plantard, à travers les divers évènements et à travers ce qu’à été amené par les Anglais, peut aussi ouvrir une autre piste. Comme l’on peut penser qu’il y a une différence entre la piste latine européenne et la piste plus anglo-saxonne au niveau du mariage de Jésus avec Marie-Madeleine.
Jean-Luc Chaumeil : Les Anglais, contrairement à ce que l’on croit, n’ont rien inventé dans cette affaire. La seule intelligence qu’ils ont eue, c’est de dire que Jésus s’était marié avec Marie-Madeleine et que Marie-Madeleine avait eu des enfants et que les enfants étaient des mérovingiens ! Et que pour ce qui est des descendants des mérovingiens, ils en avaient un devant les yeux : Pierre Plantard. Donc ça collait pile avec l’esprit anglo-saxon et américain. Alors que les Français sont depuis bien longtemps, pour 90% de la population, athées et que cette histoire de Jésus ils s’en foutent un petit peu.
JPP : Quelque part, il y a une notion de business vers les pays anglo-saxons qui n’étaient pas vraiment encore touchés par la problématique Rennes-Le-Château ?
Jean-Luc Chaumeil : Il est probable qu’Henri Lincoln s’est lui-même fait manipuler par le producteur, qui lui-même s’est fait manipuler par d’autres personnes. Si l’un a senti le best-seller au niveau financier, les autres avaient d’autres ambitions. Un mois avant la parution de ” Holly blood, Holly grail “, ” l’énigme sacrée ” en français, tous les bus de Londres avaient des affiches de plus d’un mètre collées sur leurs portes sur lesquelles on pouvait lire : ” La véritable histoire de jésus “. Donc on voit bien qu’il y avait manipulation. Qui manipulait ? Qui a payé ces affiches ? Ce n’est pas Henri Lincoln ! Ce n’est pas Richard Leigh ! A cette époque là, ils ne roulaient pas en Ferrari ! C’est quelqu’un d’autre.
JPP : Il y a une véritable opération de marketing ?
Jean-Luc Chaumeil : Une opération de marketing ! Une opération de propagande religieuse !
JPP : On peut pressentir des mouvements religieux, occultes ?
Jean-Luc Chaumeil : Je n’ai jamais vu un livre français avec les affiches sur les bus parisiens un mois avant la parution. Pas un éditeur ne ferait ce genre de publicité !
JPP : c’est en effet une réflexion !
Jean-Luc Chaumeil : Et il faut lire la conclusion de ” Holly blood, Holly grail ” la conclusion c’est : ” il y a bien eu l’Ayatola Komeni, Plantard ne serait-il pas l’Ayatola Komeni français ? ” il faut lire cette petite phrase !
JPP : Elle peut, en effet, avoir des conséquences à long terme !
Jean-Luc Chaumeil : Je pense que Plantard s’est fait manipuler, d’ailleurs il l’avait lui-même dit sur France Inter. Comme tous les manipulés, il a été aussi flatté par cette histoire et évidemment il a continué à jouer le jeu, autrement dit, on a assisté, en dehors de l’affaire anglaise, qui est une affaire récente, à la création pure d’un mythe moderne. Jean Robin à une époque avait écrit ” la mythologie de Rennes-Le-Château “, René Descadéllas, le conservateur de Carcassonne, l’a écrit aussi, d’une façon plus ou moins malhonnête ! Il avait fait des fouilles… Par conséquent écrire un livre de mythologie sur Rennes-Le-Château après avoir fait soit même des fouilles…
JPP : Maintenant, nous le savons, c’est officiel, Pierre Plantard est décédé. On a des éléments qui le prouvent, certes les dates ont été controversées. Il est étonnant de voir que depuis le décès de Pierre Plantard pas mal de choses bougent à Rennes le château, en ce moment nous assistons à une opération de presse assez phénoménale sur différents commentaires, Qu’en pensez-vous ?
Jean-Luc Chaumeil : Je pense que cette opération de presse a déjà eu lieu avec monsieur Fontant l’ingénieur strasbourgeois. Une autre à l’époque de M. Henri Buttion avec la première équipe de chercheurs. Henri Châtillon voulait avoir des sursis pour continuer leurs fouilles avec Robert Charoux et qui depuis a fait des fouilles colossales à Rennes-Le-Château. Il y aurait beaucoup de choses à dire notamment parmi les anciens chercheurs de trésors, enfin ça c’est encore autre chose, mais il est certain que l’affaire moderne, on va dire actuelle, est une répétition. L’histoire de la tour Magdala, avec un souterrain et avec une cachette de trésors n’est pas nouvelle. Vous l’avez dans la Dépêche du Midi des années 60, vous l’avez en 70 vous l’avez en 74. En 72 avec les ingénieurs du Mossad qui viennent récupérer l’arche d’alliance, vous l’avez dans mon numéro du Charivari, vous l’avez dans ” le trésor des templiers ” sur les 5 éditions, tout ça n’est pas nouveau. Il faut dire aussi que, par hasard, cela se passe pendant la période estivale …C’est louche. Nessi revient, les soucoupes volantes et le trésor des templiers aussi !
Il est vrai que depuis le livre des anglais il y a eu des opérations commerciales spectaculaires il y a eu quand même le ” Rennes Tour ” et le ” Rennes Tour ” a amené des centaines d’anglais qui venaient en France, pas pour aller voir Paris, mais pour aller voir Rennes-Le-Château et à la rigueur Montségur. Je dis bien ” à la rigueur ” ! Ils allaient voir Rennes-Le-Château ! Pourquoi ? Et là c’est un petit peu l’enchaînement par rapport à ce que l’on a dit auparavant, parce qu’il y a eu plusieurs livres qui ont été plus loin que Lincoln. On a dit que c’était le tombeau du christ, après ça a été le tombeau de Dieu. Enfin, il est normal qu’un mythe devienne un château en Espagne et qu’à ce moment là il y a projection et comme depuis le début du siècle tout ce qui est spirituel est systématiquement cristallisé et matérialisé… Je pense à la ” collection noire et or ” de Robert Laffont et des collections ” j’ai lu ” qui ont suivi, où systématiquement c’est toujours le même fil conducteur. On matérialisait une idée spirituelle, je pense qu’en tapant par le haut, c’est à dire en tapant au niveau du Christ-Dieu etc. en parlant plus de collines inspirées matérialistes, les anglais ont fait une opération commerciale étonnante qui correspondait à l’esprit du temps, à l’esprit d’une certaine décadence, parce qu’à partir du moment où on intervertit les idées, là il y a eu une décadence, une vraie décadence.
JPP : Monsieur Chaumeil, je vous remercie d’avoir répondu aux questions pour le site Rennes-Le-Château – Le Dossier, je vous souhaite une excellente soirée.