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Avril 2000
En ce mois d’avril 2000, nous étions contactés par Madame Chantal Buthion, fille de Monsieur Buthion l’ancien propriétaire du domaine de Bérenger Saunière après que la famille Corbu lui vendit le domaine de Bérenger Saunière. Dés le premier contact téléphonique, un échange passionnant s’instaura.
Nous discutions déjà depuis un moment lorsque tout à coup une idée nous traversa, et tout de go nous lui proposions : « Dites moi Chantal, accepteriez-vous de répondre à quelques questions écrites que je diffuserai sur le Site », sa réponse ne se fit pas attendre ce fut un « oui » franc et clair.
C’est cette interview que vous allez pouvoir lire. Ce qui est passionnant dans ce dialogue est la vue d’une jeune fille à son arrivée à Rennes-Le-Château en 1966. Vous pourrez découvrir ses impressions ses joies et parfois ses angoisses qu’elle a connues au cours de son séjour à Rennes-Le-Château. Nous vous laissons à la lecture de cette passionnante interview.
Merci Chantal !
Jean-Patrick Pourtal : Madame Buthion bonjour, vous êtes une des filles de M. Buthion, l’ancien propriétaire du domaine de Bérenger Saunière. Vos Parents ont acquis le domaine juste après la famille Corbu. Vous souvenez-vous de votre arrivée dans le domaine et le village ?
Chantal Buthion : Lorsque je me suis rendue à RLC la première fois, accompagnée de mon père et de deux oncles, nous étions en 1964 ; j’avais 13 ans. Je me revois dans la voiture qui nous conduisait à Rennes-Le-Château ; le temps était gris et maussade ce qui donnait aux lieux un aspect étrange et mystérieux. Premier contact avec le domaine de Béranger Saunière : l’entrée dans un monde parallèle au monde réel, un univers étrange, insolite dans lequel j’avais le sentiment qu’il fallait évoluer avec prudence. Et puis, j’avais une furieuse envie de découvrir, d’explorer cet endroit qui alimentait tant de conversations depuis quelque temps.
JPP : Vous avez vécu combien de temps dans le domaine de Saunière et à quelle époque ?
Chantal Buthion : Mes parents ont acheté le domaine de Béranger Saunière à M. Corbu en 1965 et l’ont revendu en 1994. Pour ma part, je ne résidais pas tout le temps à Rennes-Le-Château mais je m’y rendais souvent pour les vacances.
JPP : Votre Père vous avait-il dit dans quel but il voulait acquérir le domaine ?
Chantal Buthion : Mon père était « accro » de l’histoire de Rennes-Le-Château et avant d’habiter le domaine, nous allions en vacances l’été dans ce petit village de l’Aude, si pittoresque. C’est à cette époque (1964) que nous avons fait connaissance de M. Corbu et avons appris son intention de vendre ; à ce moment, mon père nous disait seulement qu’il aimait cet endroit et voulait l’acquérir.
JPP : Vous étiez jeune à votre arrivée dans le village, pour vous, que représentaient l’Abbé Saunière et son Mystère ?
Chantal Buthion : Les conversations entre mon père et nous se portaient souvent sur l’histoire des Templiers (Le secret de Gisors, d’Arginy et autres commanderies…). Nous évoquions aussi les recherches de trésors cachés et notamment celui de Béranger Saunière dont nous avait parlé un ami de mon père lorsque nous habitions à Lyon.
Comme tous les adolescents, mon frère et moi étions captivés par la vie extraordinaire de ce curé. Je me souviens que lorsque j’ai aperçu pour la première fois le visage de Béranger Saunière, de face, sur une photographie, j’ai été frappée par la dureté de son regard.
JPP : Comment les habitants du Village ont-ils pris votre arrivée et comment vous ont-ils accueillis ?
Chantal Buthion : Ils étaient méfiants envers les nouveaux arrivants surtout lorsqu’ils venaient d’une autre région de France ; l’accueil qui nous fut réservé fut courtois mais plutôt froid.
JPP : Pouvez-vous nous décrire l’ambiance qui régnait dans le village à cette époque ?
Chantal Buthion : En 1965, le village semblait apparemment calme et paisible mais le visiteur qui séjournait quelques jours à Rennes-Le-Château se rendait vite compte qu’une activité sous-jacente se déroulait en ces lieux : les chercheurs de trésor commençaient à se manifester au grand mécontentement des habitants du village.
JPP : Pouvez-vous nous décrire le domaine à votre arrivée et dans quel état était-il ?
Chantal Buthion : A notre arrivée, le domaine était laissé à l’abandon. Les jardins n’étaient plus entretenus ; l’intérieur de la villa Béthanie était à restaurer : plomberie, électricité, décoration ; les serres, le presbytère devaient être réparés ; la tour Magdala devait être redécorée ; il fallait entreprendre de nombreux travaux pour tout remettre en état.
JPP : A quelle époque votre Père décida-t-il de remonter un restaurant dans le Domaine ?
Chantal Buthion : Dès notre arrivée, mes parents eurent l’idée de poursuivre l’activité de M. CORBU. L’ouverture de l’hôtel restaurant de La Tour eut lieu à Pâques 1966.
JPP : Vous arrivait-il de rechercher le trésor ?
Chantal Buthion : Pendant les vacances d’été, avant d’acquérir le domaine, mon père cherchait le trésor et mon frère et moi n’étions pas les derniers pour participer aux fouilles.
JPP : Lorsque vous, vos frères, vos sœurs et vos Parents, décidiez de mener une campagne de recherche, comment la famille s’organisait-elle ?
Chantal Buthion : Mon père étant radiesthésiste, il utilisait le pendule pour déterminer sur une carte du lieu l’emplacement d’une faille qui mènerait à un souterrain. Par ce moyen, il parvenait à localiser avec précision certains points intéressants. Il fallait voir la famille Buthion (papa, maman, Chantal 13 ans, François 12 ans, Geneviève 7 ans) équipée de pioches, pelles, poubelles en plastique, s’engager dans une faille naturelle découverte par mon père avec son pendule. Nous rampions pour déblayer un tunnel d’1m50 de haut sur 0,60 m de largeur. Par mesure de sécurité, mon père avait bricolé un système de talkie walkie branché en permanence ; ainsi, ceux qui creusaient au fond de la cavité (50 mètres de long) pouvaient communiquer avec ceux qui se tenaient à l’extérieur et leur dire : « ça y est ! Nous y sommes ! Nous touchons au but !” ou « à la soupe ! » pour nous les gosses, c’était la chasse au trésor mais pour maman c’était l’inquiétude permanente.
JPP : Lors de notre conversation téléphonique, vous m’avez dit que vous aviez trouvé plusieurs documents originaux ayant appartenu à Bérenger Saunière, à votre avis, pourquoi la famille Corbu ne les a-t-elle pas emportés avec elle ?
Chantal Buthion : Lorsque mes parents ont acquis le domaine de Béranger Saunière, M. Corbu avait de grosses difficultés financières. Il est parti en oubliant sans doute certains papiers ayant appartenu à Béranger Saunière.
JPP : Parmi ces documents, y en a t il qui ont particulièrement retenu votre attention et pourquoi ?
Chantal Buthion : J’ai été surprise par la teneur d’un cahier de recettes et dépenses de Béranger Saunière, écrit de sa propre main (une très belle écriture) mais chose surprenante, dans la colonne « Recettes » il a inscrit, en face d’une date, tantôt « 1 enfant », tantôt « 2 enfants », tantôt « 3 enfants » et une somme plus ou moins élevée s’y rapportant. J’avoue que je me pose encore des questions mais je pense avoir une explication que je ne révèlerai pas ici.
JPP : Toujours lors de notre conversation téléphonique, vous m’avez appris que plusieurs fois le domaine avait été cambriolé, et que de nombreux documents avaient été volés, avez-vous souvenir de la teneur des documents volés ?
Chantal Buthion : Lors des absences de mon père, on a volé de nombreux documents ayant appartenu à Béranger Saunière dont ce cahier, des livres, de la vaisselle, sa collection de cartes postales (plus de 3000 cartes provenant du monde entier), l’arbre généalogique de ma famille, des portraits peints de mes grand parents, le Livre d’Or de l’hôtel de La Tour qui comportait des signatures, photos et dédicaces de gens célèbres tels, Johnny Hallyday, Brigitte Bardot, les Charlots, Annie Cordy, Gérard de Sède, …
JPP : A votre avis, quel était, ou quel est, le profil du cambrioleur ?
Chantal Buthion : Il peut y avoir deux sortes de cambrioleurs :
Le passionné de l’histoire de Béranger Saunière qui veut s’approprier des objets lui ayant appartenu afin de trouver des réponses aux énigmes ; le voleur classique qui veut tirer profit de la vente des objets et documents volés.
JPP : Au travers des deux dernières questions, on se rend parfaitement compte du caractère particulier de l’histoire de Rennes-Le-Château, à ce titre, vos Parents, et peut-être vous-même, avez-vous été victime de menaces de la part d’individus ou de groupement d’individus ?
Chantal Buthion : Un jour, en 1990, le téléphone a sonné ; j’ai décroché ; une voix d’homme déterminé m’a dit : « Je vais vous tuer » et a raccroché. J’étais terrorisée et je regardais par la fenêtre au cas où j’apercevrais ce sinistre individu. Était-ce une blague ? Mystère. Il faut noter qu’à cette époque là, mon père avait lui aussi reçu des coups de fil de ce genre.
JPP : Votre Père, propriétaire du Domaine et s’occupant du restaurant, a dû, maintes fois, rencontrer des visiteurs, y en-a-t-il qui vous ont particulièrement marqués ? Si oui pourquoi et lesquels ?
Chantal Buthion : A Rennes-Le-Château, j’ai fait la connaissance d’artistes, de chanteurs, d’écrivains, d’historiens, d’un druide, de médiums, de guérisseurs, de magnétiseurs mais aussi de gens très simples et très sympathiques qui sont restés des amis. Mon père, lui, a rencontré des personnages tels que Pierre Plantard, la comtesse de Saxe Cobourg Gotha, descendante de la famille de Habsbourg, la princesse de Médicis, également le curé de l’église de St Paul de Fenouillet qui lui a montré un calice en or serti de pierreries offert par Béranger Saunière au curé de St Paul de l’époque.
JPP : En 1981, François Mitterrand s’est rendu à Rennes-Le-Château, l’avez vous rencontré et que pensez-vous de sa visite dans ce village ?
Chantal Buthion : Lorsque François Mitterrand est venu à RLC, aucun membre de notre famille n’était présent ; encore propriétaires, nous avons prêté les clés du domaine au maire de Rennes-Le-Château qui a pu faire ainsi visiter les lieux à Monsieur Mitterrand qui s’est montré vivement intéressé. Il a même demandé à voir mon père pour s’entretenir avec lui de cette étrange histoire. Cette entrevue n’eut pas lieu, mon père étant bien loin de Rennes-Le-Château à cette époque-là.
JPP : Puisque nous en sommes à parler des personnages illustres de l’affaire de Rennes-Le-Château, une question me brûle les lèvres, avez-vous rencontré Pierre Plantard ?
Chantal Buthion : Je n’ai moi-même jamais rencontré Pierre Plantard. Seul mon père l’a connu lors de ses visites à RLC.
JPP : Pour beaucoup d’entre nous, Pierre Plantard est un mythe, que pensez-vous du personnage et du Prieuré de Sion dont-il à prétendu longtemps être le Grand Maître ?
Chantal Buthion : Je ne peux malheureusement pas aujourd’hui répondre à cette question car je n’ai jamais eu l’occasion d’en discuter avec mon père ou avec d’autres personnes. Il faudra que je m’y intéresse.
JPP : Dans son dernier livre, « La clé du mystère de Rennes-Le-Château » Henry Lincoln, parle souvent de votre Père, M. Buthion, hormis les excellents souvenirs qu’il à de lui, pouvez-vous nous raconter quels étaient leurs rapports ?
Chantal Buthion : Mon père et Henry Lincoln sont d’excellents amis. Henry venait souvent en vacances à RLC avec sa famille. Il est venu tourner les premiers films sur Rennes avec la BBC. Il y a eu toutefois quelques désaccords entre eux sur certains points du contenu du livre d’Henry « l’énigme sacrée ». Mon père ne partage pas l’idée d’une descendance christique par la dynastie des mérovingiens.
JPP : Deux auteurs ont marqué l’affaire de Rennes-Le-Château : Gérard de Sède et Henry Lincoln, que pensez-vous de leurs écrits ?
Chantal Buthion : J’ai pris plaisir à lire Gérard de Sède ; dans ses différents ouvrages sur l’énigme de Rennes-Le-Château, il a su organiser les idées malgré la complexité des sujets traités et présenter les événements historiques d’une manière concise et claire ; son style est agréable ce qui ne gâche rien.
Quant à Henry Lincoln qui est un de mes amis, je trouve ses livres très intéressants et bien documentés. Je n’ai pas encore eu le loisir de lire « la clé du mystère de RLC » mais cela ne saurait tarder.
JPP : Pouvez-vous nous dire si vous avez « vécue » ou « subie» l’affaire de Rennes-Le-Château ?
Chantal Buthion : Je pense que je l’ai « vécue » et « subie »
Je l’ai « vécue » avec toute la fougue de ma jeunesse ; je me suis impliquée avec passion dans la recherche d’un trésor mais aussi, j’ai eu la satisfaction de rencontrer des gens « branchés », historiens, conteurs, conservateur de la Bibliothèque de Carcassonne, grâce auxquels j’ai découvert le passé historique d’une région.
Je l’ai « subie » car l’histoire de Béranger Saunière attirait en ces lieux beaucoup de monde : des personnages cultivés et passionnés mais aussi des illuminés par voie de conséquence, notre famille a eu à supporter de tels visiteurs ; pour des raisons personnelles, je ne m’étendrai pas sur ce sujet.
JPP : Que ressentiez-vous de vivre au quotidien dans ce domaine bâti par un prêtre très particulier ?
Chantal Buthion : Nous habitions le presbytère de Béranger Saunière. Bien sûr, mes parents l’avaient réaménagé mais je dois dire que je ressentais parfois des présences impalpables ; ce sentiment était sans doute très subjectif mais j’ai reçu le témoignage de personnes ayant passées une nuit dans la villa et qui s’y étaient senties très mal à l’aise. Moi-même, une nuit, j’ai été réveillée en sursaut vers 4 H du matin, sentant quelqu’un auprès de mon lit ; j’étais glacée de terreur ; j’ai allumé la lumière ; rien. Inutile de dire que je n’ai pas fermé l’œil ; charmante nuit !
JPP : Comment définissez-vous Bérenger Saunière ?
Chantal Buthion : intelligent, cultivé, charmeur ; cet homme avait du charisme, de l’ambition, aimait l’argent et les plaisirs de la vie. Bref, pour moi, il n’avait en rien l’étoffe d’un prêtre. Je pense même et je ne suis pas la seule, qu’il se serait fait nommer curé de Rennes-Le-Château pour être un jour dans les lieux et chercher le trésor. En effet, il était natif d’Espéraza et au courant depuis l’enfance du mystère de Rennes-Le-Château. Des habitants du village m’ont raconté, qu’adolescent, Béranger Saunière et un ami, empruntaient un souterrain, qui les menaient d’Espéraza à RLC ; ces dires sont-ils vrais ? Il n’y a pas de fumée sans feu ! Ce qui est sûr c’est que Béranger Saunière était, depuis l’enfance, attiré lui aussi par cette énigme.
JPP : Quel est votre opinion sur la teneur du secret et / ou du trésor de Rennes-Le-Château ?
Chantal Buthion : Je pense qu’à RLC, il existe deux types de trésor :
Incontestablement un trésor matériel constitué au cours de l’Histoire d’argent et d’objets de valeur amassés et cachés : le trésor de St Louis et de Blanche de Castille, le trésor du Temple de Salomon à Jérusalem déposé à RLC par Alaric.
Un trésor spirituel qui apporterait à l’humanité des réponses à grand nombre de questions.
JPP : A votre avis, pourquoi Marie Dénarnaud n’a-t-elle jamais rien révélé des découvertes de Bérenger Saunière ?
Chantal Buthion : Elle avait juré à Béranger Saunière de garder le secret sur leurs découvertes. M. Corbu nous racontait que lorsqu’il a connu Marie Dénarnaud, elle lui promit qu’elle lui révèlerait un grand secret qui ferait de lui un homme riche et puissant à condition qu’il veille sur ses vieux jours. M. Corbu a pourvu aux besoins matériels de Marie Dénarnaud jusqu’à la fin de sa vie mais malheureusement pour lui, elle est partie en emportant son secret.
JPP : Pensez-vous qu’un jour on connaîtra la vérité sur le sujet ?
Chantal Buthion : J’en suis persuadée mais « nous ne connaissons ni le jour ni l’heure ».
JPP : Pour beaucoup, votre Papa est le monsieur en costume blanc, nous avons tous une question au bout des lèvres : « Pourquoi est-il toujours en costume blanc ? », Pouvez-vous nous éclairer ?
Chantal Buthion : Cette question m’amuse beaucoup. C’est tout simplement qu’il aime le blanc et qu’ayant vécu en Algérie une grande partie de sa vie, il s’est habitué à porter des vêtements blancs.
JPP : Je vous remercie de votre participation à la vie du Site « Rennes-Le-Château le Dossier ! »
bonjour
vous avez remis l’interview de Christian Doumergue sous le titre de Chantal BButhion.
Un copier-collé malencontreux.
Bonne continuation
Bonjour,
Merci de l’info, je ne m’en étais pas aperçu.
C’est dorénavant corrigé